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mardi 8 avril 2014

Printemps (bis)



Il y a eu ces derniers jours une brusque accélération du passage en printemps. Après une semaine de vent d’Autan violent et deux jours de pluie, la température est soudain montée à un niveau très agréable, ni trop chaud, ni trop froid.
Samedi on a sorti la table et on a pu prendre nos premiers repas en terrasse à midi comme le soir, sous la glycine en pleine floraison. Il fait plus doux dehors qu’à l’intérieur de la maison. Ces vieilles bâtisses aux murs épais se réchauffent lentement. Mais, ce qui est éventuellement un inconvénient aujourd'hui, devient un avantage appréciable quand viennent les grosses chaleurs. Dans le jardin les iris sont ouverts depuis quelques jours déjà et une première rose solitaire s’est épanouie sur la tonnelle. J’ai tondu la pelouse, odeur délicieuse de l’herbe coupée, petit pincement à zigouiller du même coup pâquerettes et violettes, mais quelle vitalité, dès le lendemain, de nouvelles fleurettes avaient surgies. Sur les arbres et arbustes, les pousses nouvelles, d’un vert si tendre, se déploient de jour en jour. Dans la bande de merles qui fréquentent le jardin, il en est un qui est particulièrement peu farouche. Il picore à deux mètres de nous et nous surveille du coin de l’œil. On l’a vu faire longuement son affaire à un ver de terre, il te le picorait, te le secouait, s’éloignait puis revenait, un peu comme un chat jouant avec une souris ou, tiens, justement, un oiseau… 

Hier en début d’après-midi je suis parti pour une grande promenade à vélo. Le lundi se sont balades solidaires car D. va à son atelier de poterie. J’aime les promenades partagées mais beaucoup aussi les promenades en solitaire où on est totalement avec soi-même, totalement libre de sa direction, de son rythme, de ses rêveries. Bords plaisants et ombragés de la Rigole qui depuis trois siècle conduit les eaux de la Montagne Noire au Canal du Midi en serpentant dans la plaine. Aujourd'hui les chants d’oiseaux sont particulièrement nombreux ou est-ce seulement, qu’étant seul, je les entends mieux ? Je m’attache à essayer de distinguer les voix qui s’entrecroisent mais je n’y connais pas grand-chose et ne sais reconnaître qui est qui. Bref arrêt pour observer le manège d’un ragondin. Puis je quitte la Rigole, file vers la ligne des collines et poursuis mon chemin à leur pied. J’aime vraiment le paysage d’ici avec ses douces ondulations, ses haies nombreuses, ses anciennes maisons de maîtres entourées de beaux bouquets d’arbres, sa campagne toujours vivante, avec des champs cultivés, des animaux dans les prairies. Il y a beaucoup de régions de France, où traversant la campagne, on est frappé et attristé par les friches et le nombre de maisons à l’abandon. Ce n’est pas le cas ici et c’est heureux. Je sens sur moi la chaleur du soleil et j’en viens même, préfiguration de l’été, à coiffer ma tête d’un couvre-chef d’aspect sans doute assez ridicule, avec sa jugulaire qui le retient serré pour l’empêcher de tomber sous l’effet d’un coup de vent ou des descentes. Je file entre les blés - maintenant un tapis profond de jeunes pousses au vert intense, lustré, alors qu'il y a quelques jours ce n'était qu'un ras gazon - et les rectangles des colzas, dont le jaune éclatant fait contraste et dont l'odeur entêtante, à certains endroits, fait un peu tourner la tête. Au loin, les Pyrénées, encore bien enneigées mais pas très nettes, le ciel est un peu brouillé. Je n’ai pas d’appareil photo mais j’emmagasine les images dans ma tête et me viennent déjà des mots et l’envie de les poser…
Ça fera toujours un petit billet d’ambiance pour blog somnolent…