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vendredi 28 mars 2014

Ego numericus et quelques plaisirs parisiens



Me voici revenu dans mes pénates provinciales après une dizaine de jours parisiens très occupés et un peu tourbillonnants. Pas mal d’occupations familiales, certaines fort agréables, d’autres nettement moins. Un peu de cinéma, deux films, deux bonnes pioches dans des genres on ne peut plus différents ! The Grand Budapest Hotel, délicieux, plein d’humour acidulé et de réminiscences de nos Tintin d’adolescence, avec cependant un arrière-fond grave sur cette fin d’un monde qu’a été l’entre deux guerres. J’y ai pris un vrai plaisir comme pour chaque opus de Wes Anderson que j’ai vu ; Only lovers left alive de Jim Jarmush, somptueuse mise en scène et en image d’un opéra baroque et nocturne, entre Detroit et Tanger, avec des vampires portés par leur amour indestructible mais fatigués aussi de leurs vies qui s’éternisent, tout ça assez lyrique mais aussi, fort heureusement, mâtiné d’humour, un film j’imagine qui a dû réjouir aussi notre vampire blogueuse.
Quelques expositions aussi : Cartier-Bresson : pas mal, c’est intéressant de voir l’œuvre et ses diverses facettes dans son déroulé chronologique, faisant découvrir certains aspects moins connus que d’autres. Mais cependant on a déjà vu l’essentiel ici ou là, à de multiples occasions. Plus médiatisé et reproduit que Cartier-Bresson il n’y a pas ! Donc ce n’est pas le même choc qu’en découvrant par exemple il y a peu le formidable travail de Salgado, une œuvre que je trouve bien plus puissante. Cela dit c’était aussi le plaisir d’un pot sur la terrasse supérieure du centre Pompidou, soleil mais fraîcheur, ciel mouvant et venteux, belle lumière sur les toits de Paris…
Au Musée d’Orsay, très belle expo Van Gogh-Artaud, beaux échanges entre toiles et textes hallucinés. Mais surtout plaisir de découvrir pas mal de tableaux de Van Gogh que je n’avais jamais vu même en reproduction, certains très beaux, quelle puissance de lumière et de mouvement. On a fait un tour ensuite dans l’exposition Gustave Doré. Bon, il a d’excellentes qualités d’illustrateur mais tout ça paraît, en comparaison, bien plat, bien terne, très daté, même les compositions les plus échevelées. Les grandes toiles en particulier ne passent plus du tout. Évidemment comparer n’a aucun sens mais, à voir les deux expos l’une derrière l’autre, on s’y trouve immanquablement conduit.

Cela dit mon séjour parisien était également largement consacré à l’APA avec moult activités internes puis aussi une table-ronde publique dont j’ai assuré la présentation et qui portait sur un thème qui ne peut que chatouiller notre intérêt, à nous blogueurs, celui d’Ego numericus.
Je ne vais pas faire un compte-rendu de contenu, il y a aura un sur le site de l’APA d’ici ce week-end, rédigée par l’amie Elizabeth, blogueuse de longue date elle aussi.
J’ai juste envie de donner quelques impressions rapides. Je suis peut-être un peu mal placé car juge et partie mais j’ai personnellement trouvé l’ensemble très intéressant avec des interventions qui se complétaient bien. Les auditeurs m’ont paru dans l’ensemble attentifs et intéressés bien que pour beaucoup d’entre eux très éloignés des pratiques numériques, voire assez effrayés par elles. Il y a bien eu quelques dodelinements de tête, surtout dans la première partie, mais enfin, pas trop. J’ai regretté qu’on ne soit pas très nombreux, entre 70 et 80 et surtout avec peu de personnes issues de nos blogosphères, ça c’est un peu dommage, ça avait été différent, aussi bien en 2007 lorsqu’on avait pour la première fois évoqué la question « Internet et moi » (avec Pierre, entre autres, déjà) qu’en 2009 lorsqu’on avait disserté sur intime/privé/public et qu’un certain Valclair avait fait son coming out de blogueur. Signe là encore qu’il y a une certaine démobilisation de la blogosphère, enfin, du moins, de notre blogosphère.
La première partie était centrée sur des témoignages sur ce que l’émergence et l’accélération des pratiques numériques avait transformé dans l’expression et dans le rapport à eux-mêmes et aux autres de deux blogueurs, l’un l’ami Pierre, à partir d’une pratique de diariste, l’autre Christophe Grossi, à partir d’une pratique professionnelle de libraire, d’éditeur et d’écrivain. Les interventions de ce premier temps, ont été un peu longues, surtout celle de Pierre. Mais cette longueur même était le signe de la complexité des ressentis, de la difficulté à la dire, les hésitations ou les redites portaient un sens en elles-mêmes, me semblaient signe d’authenticité. Il n’empêche, c’est dommage, surtout dans la mesure où cela a limité le temps laissé à la discussion générale à la fin de la table-ronde. La seconde partie prenait du recul par rapport aux expériences personnelles. Dominique Cardon s’est brillamment penché en sociologue sur la construction des identités numériques en fonction de ses divers publics tandis que Christine Genin nous a parlé, à partir notamment de l’expérience d’archivage du web à la BnF, de la mémoire d’ego numericus avant de donner, en s’appuyant sur quelques ouvrages de science fiction et de philosophie, un aperçu de perspectives vertigineuses, tout autant exaltantes qu’effrayantes, que la révolution numérique offre à l’humanité.
Bref tout ceci était d’un contenu très riche. On pourra le retrouver, avec bien d’autres approches et réflexions dans le dossier que La Faute à Rousseau à paraître en juin consacrera à Ego numericus. Notre petite pierre dans une réflexion qui ne fait que commencer.

Tiens, mon traitement de texte soulignait énergiquement le « provinciales » de la première ligne de ce texte. Renseignement pris dans les meilleurs dictionnaires, je constate que pénates est en effet masculin. Je maintiens l'erreur comme trace de mon ignorance passée, je dois faire la faute depuis que je connais l’expression mais je viens donc d’apprendre quelquechose. Merci numericus !

Edit complément du 05/04 : Le compte rendu  de la table ronde par Elizabeth est maintenant en ligne sur le site de l'APA ici

vendredi 14 mars 2014

Printemps



Depuis plus d’une semaine maintenant il fait ici un temps extraordinairement beau et agréable.
Il n’y a pas eu d’hiver. Il nous a manqué d’ailleurs. Pas un seul moment de vrai froid, pas de neige même sur les hauteurs de la modeste montagne qui domine la région. Une sorte de faux hiver mou, pluvieux et gris qui s’est éternisé.
Mais le soleil est revenu et les signes du printemps se multiplient.
Les violettes dans la pelouse, un éclatant bouquet de giroflées, les feuilles tendres qui se déplient sur les rosiers, les bourgeons, dont on surveille de jour en jour l’évolution sur nos plantations de l’an dernier, le kiwi, le cerisier, les pieds de vigne…
Le matin, ce bonheur d’ouvrir les volets de la chambre, orienté plein est et donnant sur le jardin, laisser l’air frais du matin et les chants d’oiseaux envahir la pièce puis le soleil y déverses ses rayons…
Les promenades chaque jour, à pied ou à vélo, au milieu de ces verts frais et neufs, dans ces beaux paysages de collines douces ou sur les pentes couvertes de forêt, sur les plateaux avec son grand ciel ouvert et les Pyrénées au loin…
Les vêtements dont on s’allège lorsqu’on est au soleil et à l’abri du vent, la chemise ouverte, la caresse de l’air et du soleil sur la peau…
Au lac, hier, se déchausser, marcher pieds nus, entrer dans l’eau, barboter un moment, sentir la morsure de l’eau froide autour des chevilles et s’en sentir revigoré…
C’est un peu banal tout ce que je dis là. Et sans doute répétitif. J’ai dû dire cela ou l’équivalent plus d’une fois, sur ce blog ci ou sur le précédent. Les sujets reviennent comme les saisons. Signe encore de l’essoufflement de ce blog. Je ne parviens pas à me mobiliser pour commenter mes lectures ou approfondir les sentiments ou les réflexions qui me traversent.

Demain on repart à Paris pour une dizaine de jours. J’y pars un peu à reculons. J’ai du mal à m’arracher ou du moins à m’arracher pour aller à Paris, j’irais bien à la mer ou à la montagne ou partirais bien ailleurs pour quelque voyage lointain, mais je n’ai pas bien envie de Paris, de ses foules, de son métro, de ses odeurs et, spécialement ces temps-ci à ce que j’entends, de sa pollution.
Cela dit j’y vais aussi pour de bonnes causes et, entre autre chose, pour participer à la table ronde qu’organise l’APA sur Ego numericus et qui devrait être fort intéressante. J’aurai le plaisir d’y voir entre autre l’ami Pierre qui y intervient. Lectrices, lecteurs, blogamis d’hier ou d’aujourd'hui, si vous êtes dans les parages, n’hésitez pas, c’est à l’ENS rue d’Ulm, samedi 22 à 14h30, on sera content de vous y voir.