Pages

lundi 12 août 2013

Retour de Suisse



Me voici à Paris pour quelques jours en mode connecté avant de repartir une quinzaine en Bretagne, de nouveau sans connexion (et oui, je suis un être d’autrefois, mon téléphone portable d’ancienne génération ne me permet pas de connexion, mais j’aime ça aussi, ces temps de mise à distance de l’internet, de son grésillement continu et de ses sollicitations multipolaires).

J’ai bien aimé ce séjour suisse. Comme je le craignais il n’a pas été toujours facile de s’organiser pour fonctionner au mieux des envies et possibilités de chacun avec nos « anciens », mais finalement ça s’est bien passé, chacun a pu se faire plaisir à son niveau et moi aussi, même si j’aurais sans doute aimé faire aussi quelques randonnées un peu plus engagées. Le temps est resté superbe pendant presque tout le séjour, sauf les trois derniers jours.

Il y a un certain charme spécial au fait d’être en Suisse, même par rapport à nos Alpes du Nord l’ambiance est différente. Il y a d’abord l’ampleur de ces montagnes des Alpes valaisannes, à côté le massif du Mont-Blanc même s’il culmine plus haut est presque riquiqui, ici les vallées sont profondes, on s’enfonce au cœur même du massif, les 4000 ne sont pas juste devant soi comme lorsqu’on est à Chamonix mais tout autour de nous, à droite, à gauche, devant… Et puis il y a ce côté très léché, très carte postale, les chalets, les enclos derrière leur barrières en bois, les potagers et les nains de jardin, les géraniums aux balcons, les drapeaux suisses et les drapeaux valaisans à tout bout de champ, les chapelles, les calvaires, les psaumes sur des panneaux de bois au détour des chemins, la profusion des fleurs dans les prairies, le charme particulier des mélèzes avec ce dessin élégant et léger de leurs ramures d’aiguilles, avec cette lumière particulièrement douce sous leur couvert. Il y a là quelque chose qui me fait remonter très fort les souvenirs de lecture de La Montagne magique

La montagne est très équipée. Avantage : on monte d’emblée très haut, cela permet de bénéficier d’ambiances hautes montagne sans avoir à grimper mille mètres de dénivelée, c’était spécialement appréciable pour les parents, pour mon père en particulier qui a pu ainsi faire quelques belles balades pas trop longues au-dessus de la montagne à vaches. Inconvénient : la montagne est un peu dénaturée par la multiplicité de ces équipements, par les chemins d’accès pour les véhicules d’exploitation, par les pistes de ski un peu partout, tout cela sans doute plus perceptible au mois d’Aout lorsque le déneigement est très avancé. La région doit être encore plus belle en juin, lorsque la neige recouvre une partie de ces terres abimées ainsi que les zones de recul des glaciers,  pas spécialement esthétiques lorsqu'elles ne sont que grises caillasses comme en cette fin d'été.

La vallée de Saas-Fee où nous avons résidé cette année est moins sauvage que celle d’Arolla où nous étions il y a trois ans. Mais il reste tout de même des espaces libres, de vastes prairies entre les maisons, bref cela respire. Impression toute différente à Zermatt où nous avons fait un tour tout de même, histoire de voir le Cervin (raté d’ailleurs, ce jour là les nuages sont restés accrochés à mi-pente des sommets), la vallée est entièrement construite jusque sur les pentes raides qui la bordent, les chalets anciens et les hôtels belle-époque sont totalement noyés au milieu des constructions disgracieuses et les grues sont en action sur les moindres parcelles restées libres. La foule est partout, très cosmopolite, sur les parkings, dans la navette, dans les rues et cela donne, malgré l’absence de voitures dans la station elle-même, un aspect très urbain et très étouffant à l’ensemble.

Une autre curiosité de la vallée de Saas-Fee est qu’elle est manifestement un lieu de vacances très prisée de nombreuses communautés de juifs orthodoxes, venus de toute l’Europe, qui s’y retrouvent. On les voyait en grand nombre, bien plus que Rue des Rosiers à Paris. C’était tout à fait étrange de les voir déambuler dans cette ambiance de chalets suisses et ça rajoutait un petit côté décalé, désuet, au lieu, c’était comme si soudain Isaac Bashevis Singer se mêlait à Thomas Mann. Les costumes ou l’allure pouvaient subtilement varier, selon, j’imagine, les origines géographiques ou des courants religieux spécifiques, mais on retrouvait toujours les chapeaux (grand chapeaux à larges bords mais aussi chapkas), les chemises blanches et les habits noirs, les jeunes femmes brunes en jupe sombre suivi de leur ribambelle de jeunes enfants. On les voyait surtout dans la vallée mais certains randonnaient également et l’on pouvait en croiser, toujours en costume traditionnel mais portant cependant de bonnes chaussures de marche, le plus souvent également en famille. J’ai cherché sur internet s’il y avait une cause particulière à cette présence étonnante, historique peut-être (la vallée a-t-elle été un refuge pendant les années noires ? des personnalités du judaïsme orthodoxe y ont-elles vécu ?) mais je n’ai rien trouvé.

Saas-Fee, Saas Grund et la chaîne depuis Kreuzboden

L'Allalinhorn et le Dom

Le village de Saas-Fee

Dans la douce lumière des mélèzes

L'Allalinhorn depuis Brittanica Hutt

La chaîne depuis Hohass

Sur le névé

Chapelle à Trifalp

Quelques fleurs

Cœur d'arnica






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire