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mardi 25 juin 2013

Semaine parisienne



Une semaine et un peu plus même. Mais là mon séjour parisien s’achève. On part tout à l’heure. Outre les rencontres amicales et familiales nombreuses ce fut l’occasion de quelques occupations culturelle, visites d’expos ou salles obscures que j’ai envie d’évoquer rapidement, juste pour mémoire et pour donner envie…

Samedi 15, grand plaisir à aller entendre la présentation croisée des journaux de Benjamin Constant et d’Amélie Fabri, organisé par l’APA. Philippe Lejeune, en fin limier d’archives, nous a raconté de façon vivante les étapes de sa recherche et ses découvertes successives. Les lectures d’extraits qu’il nous a donné nous ont fait partager les affres puis les bonheurs du chercheur qui a su faire progressivement resurgir par son questionnement méticuleux des textes, une relation affective complexe et découvrir une jeune femme attachante. On peut lire sur le blog de l’APA le compte-rendu de cette après-midi.

Au cinéma, j’ai vu entre un jour et son lendemain deux films, à la fois totalement dissemblables et qui pourtant entretiennent de nombreuses correspondances : The Bling Ring et La Grande Belleza. Je craignais un peu ces sujets évoquant des mondes et des personnages centrés sur le bling-bling et l’apparence, que ce soient les jeunes bourgeois californiens fascinés par les people et par les marques ou l’intello romain décati au milieu des aristos décadents. Mais ce sont deux bons films, portés chacun par le style particulier, original, puissant des réalisateurs. The Bling Ring est parfois un peu répétitif. La Grande Belleza démarre un peu lentement et l’on craint un moment que ce ne soit qu’une sorte de remake de la Dolce Vita. Mais le film prend peu à peu toute son ampleur, brassant de nombreuses thématiques, offrant quelques séquences visuellement somptueuses sans parler des plaisirs d’une belle déambulation romaine. 
J’ai vu également Le Passé. J’ai été un peu déçu, j’ai trouvé ça un peu long, un peu trop cinéma psychologisant, mais c’est tout de même très bien fait, bien construit, bien joué (quoique le prix de meilleure actrice pour Béjo à Cannes me paraisse un peu excessif), et ça ouvre sur pas mal de réflexions sur les rapports humains, les rapports des enfants aux parents, les rapports à la vérité, la culpabilité...
J’ai envie de signaler aussi La Fille publique. Cinématographiquement on n’est pas dans le même registre, les ambitions ne sont pas les mêmes : c’est un film bien rythmé, honnêtement filmé, mais qui n’offre rien d’exceptionnel du point de vue du style et de l’ambition artistique. Mais il est éclairant sur certaines réalités que l’on connait peu et très attachant par la sincérité de sa réalisatrice. Je trouve désolant que ce genre de film sorte dans de telles conditions de discrétion. Ce film est sorti dans une seule salle à Paris, le Lincoln. Quant on voit le nombre de salles que les blockbusters et autres films très médiatisés monopolisent ! Comment espérer donner la chance à des films comme celui-ci de trouver son public. Du coup sans pour autant considèrer ce film comme un chef d’œuvre, je me suis fendu d’une petite note à son sujet que vous pouvez lire ici pour essayer de contribuer modestement à créer un peu de buzz pour le soutenir et qu’il ne disparaisse pas immédiatement de son unique écran.

J’ai vu quelques expositions aussi : L’intéressant dialogue pictural entre Chaissac et Dubuffet au travers de leur correspondance au Musée de la Poste. Ron Mueck, à la Fondation Cartier, toujours aussi troublant et d’autant plus peut-être d’avoir vu le film présenté en contrepoint de l’exposition. La vision de l’atelier de Mueck, de lui-même travaillant mais aussi circulant, regardant, s’imprégnant de toutes les ébauches d’œuvres en cours à diverses étapes de réalisation nous le fait ressentir comme totalement immergé, quasi phagocyté par les créatures qui l’entourent. Déjà nous, qui ne faisons que passer, nous sommes saisis de l’intensité des présences. Alors qu’est-ce que ce doit être pour qui vit au milieu d’elles et les fabrique ? On a l’impression que se crée un rapport très spécial entre l’artiste et ses créatures, comme une espèce d’osmose, comme s’ils s’infusaient mutuellement dans une sorte de version moderne et plutôt sombre de Pygmalion et Galatée. Par contre j’ai raté malheureusement l’exposition Demy à la cinémathèque que j’avais bien envie de voir. Tant pis…

jeudi 13 juin 2013

Varia entre deux voyages



Notre semaine de baguenaude dans le sud-est a été fort agréable et nous a conduit en des lieux variés, des confins des Cévennes au Cap d’Agde, en passant par Aix-en-Provence, Bagnols-sur-Cèze, et Sète, nos lieux de passages et d’arrêts étant déterminés par la visite à des amis en ces divers lieux.

Le séjour à Aix se justifiait quant à lui par le fait que s’y tenaient les Journées annuelles de l’APA portant cette année sur Masculin/Féminin. Elles se déroulaient au centre de séjour de La Baume, lieu particulièrement agréable pour ce genre de manifestations, en ce qu’il permet sur un même lieu l’hébergement et les activités, renforçant le côté convivial de ces rencontres, tout cela de plus dans un cadre enchanteur au milieu des pinèdes et à peu de distance du centre d’Aix. La table-ronde, les diverses conférences étaient toutes intéressantes comme les nombreuses activités en atelier plus restreint. Je ne vous en donne pas mon récit, comme je l’avais fait l’an dernier pour nos Journées de Genève, voilà bien encore un signe de ma croissante paresse d’écriture ici. Quelqu'un en fera sûrement un compte-rendu que vous pourrez lire d’ici quelque temps sur le site de l’association. Pour ma part je me suis contenté de faire quelques photos que j’ai mises en ligne ici.
Indépendamment des Journées j’ai apprécié de me balader longuement dans Aix et de retrouver cette ville où je n’avais pas séjourné depuis le début des années 70. J’y étais venu alors pour des activités militantes. Et, raccourci temporel surprenant, je suis tombé pendant les Journées sur une de mes connaissances d’Aix en ce temps là, elle vit en région parisienne mais le hasard a voulu qu’elle soit précisément à Aix en ce moment occupée à vider la maison de ses parents récemment décédés et qu’elle ait pris contact avec l’association, souhaitant nous remettre les journaux que son père a longtemps tenu. C’est la quatrième fois que je retrouve, indirectement mais par le biais de l’association, des personnes de ces temps lointains, que rien sinon ne m’aurait permis de recroiser. C’est chaque fois un bon moment et un plaisir même s’il faut se garder de l’illusion de retrouver à travers elles quelque chose des ferveurs anciennes. Et puis, après Aix, on a musardé pour rejoindre nos diverses étapes, en faisant les touristes, appareil photo dégainé, nous arrêtant et découvrant ou redécouvrant Lourmarin, Bagnols, Aigues-Mortes, Le-Grau-du-Roi (une pensée de quelqu’un m’a traversé… Me lit-elle encore ?), Sète, Agde…

Rentré ici et avant de repartir à nouveau pour une dizaine de jours à Paris, je me suis coltiné la mise en page du Cahier de l’APA consacré aux Paroles de cheminots. A peine une tâche pour l’association terminée, j’embraye sur une autre. C’est trop. Je me suis encore laissé embringuer en acceptant ce boulot que, comme chaque fois j’imaginais moins lourd que ce qu’il a été. Mais c’est fini ou presque. Encore une petite navette pour les corrections. Après ce sera l’envoi à l’imprimeur, les corrections éventuelles sur le bon à tirer et la parution je suppose à la fin du mois. Mais là je ne m’en occupe plus. 

Lorsque nous nous sommes installés ici, j’imaginais que nous serions très souvent fourrés à Toulouse par besoin de la grande ville et de ses activités. Finalement nous n’y allons pas souvent, nous n’en éprouvons pas le besoin et de fait n’en avons pas tellement le temps, avec tout ce que nous avons à faire ici même dans la maison ou au jardin, avec nos promenades et découvertes locales, avec mes activités trop prenantes pour l’association. Je m’étais acheté une carte du cinéma Abc, comptant y aller souvent, j’en suis à me demander si je vais pouvoir épuiser mes dix places dans l’année ! Nous avons passé cependant toute la journée de vendredi dans la ville rose, comptant la terminer par une séance de cinéma. Nous voulions profiter du Festival d’art contemporain qui s’y déroule en ce moment. Nous avons fait le circuit complet ce qui nous a pris toute la journée, nous avons attrapé le dernier et nous n’avons pas eu le temps de penser au cinéma. Mais c’était bien. Non tant par les œuvres exposées qui ne m’ont, dans l’ensemble, guère enthousiasmé, je ne suis pas un très bon client pour l’art contemporain ! J’ai bien aimé tout de même la vidéo forestière de Julian Rosefeldt aux Jacobins, quelques toiles d’Howard Hodgkin (mais pas toutes) à l’hôtel d’Assézat, trois sculptures assez fortes de Kiki Smith aux Abattoirs. Le reste m’a laissé froid. Le plaisir était dans la déambulation, dans la découverte de l’écrin offert aux œuvres dans de très beaux bâtiments, notamment tous ceux du quartier Saint Cyprien que je ne connaissais pas, spécialement ce magnifique espace muséographique des Abattoirs, ainsi que l’Hôtel-Dieu, avec sa grande salle, sa chapelle et son escalier monumental et toutes ces vues superbes sur la Garonne plein de fougue et sur la ville en face. Aux Abattoirs, outre la présentation des œuvres de la famille Smith, il y a, l’accrochage, permanent si j’ai bien compris, de la donation Daniel Cordier et là il y a vraiment des pièces superbes. 

Après le temps épouvantable du week-end nous avons profité aujourd'hui d’un temps délicieux. Outre nos préparatifs de départ prévu demain dès l’aube, nous avons passé une partie de la journée à travailler dans le jardin, tonte de la pelouse, nettoyage, élagage, traitement à la bouillie bordelaise de quelques plantes attaquées par des bestioles notamment les deux pieds de vigne que nous avons planté cet hiver et qui portent pourtant déjà des grappes prometteuses. Tout cela sous les chants d’oiseaux qui s’en donnent à cœur joie, profitant de cette journée douce et belle, et dans les mélanges d’odeurs d’herbe coupée et de fleurs, l’oranger du japon et les roses sont en pleine période de floraison. On est encore dans l’ébahissement d’urbains qui découvrent ce qu’est un vrai jardin et la richesse de tout ce qu’il porte, notamment avec cette succession dans le temps de ce qui est fleuri, avec ce renouvellement continuel de l’aspect qu’il offre. En dînant sur notre terrasse ce soir, et bien que des tas d’activités et de rencontres intéressantes nous attendent à Paris, nous avions, à l’idée de devoir nous arracher d’ici dès demain, un peu de vague à l’âme…



 Les beaux volumes d'exposition des Abattoirs


 La fougueuse Garonne


 L'autre rive vue de l'escalier de l'Hôtel-Dieu

 Écrit mardi 11, envoi coincé par un petit bug de connexion et donc posté ce matin de Paris…