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vendredi 25 janvier 2013

La coulée des jours



Deux semaines déjà que je suis revenu de mon dernier séjour parisien. Et sans perspective d’y retourner rapidement, ni d’ailleurs de faire un quelconque autre voyage dans l’immédiat.
C’est donc bien le séjour de long cours dans ma petite ville provinciale qui commence. Et c’est l’hiver, avec un temps de saison cette fois, gris, voire brouillardeux, pluvieux, froid, mais pas de ces froids secs et lumineux qui sont un bonheur, plutôt de ces froids humides qui transpercent. Pas de neige ici pour l’instant, juste une velléité un matin, de beaux flocons tourbillonnant, une petite couche sur le sol et les toits mais il a suffi de quelques heures pour que ça se mette à fondre et se transforme en bouillasse, pas le plaisir donc de la vraie neige. Tout ça bien sûr ne favorise pas les activités extérieures, on reste beaucoup à la maison, certains jours on sort à peine.

Et pourtant je ne ressens pas le moindre ennui, contrairement à ce que j’aurais pu craindre (ou plutôt à ce que l’on m’avait dit que j’avais à craindre !). Les jours filent, les semaines même, sans que je les voie passer. Je m’installe dans mes régularités d’ici, faudrait-il dire mes routines, mais je m’y sens bien, sans frustration. 
 Les matinées sont essentiellement consacrées à mon travail pour l’APA, matinées qui débordent parfois nettement sur l’après-midi. Il faut dire que là je suis dans un moment coup de feu. J’ai accepté en effet, lorsque je me suis trouvé dégagé de mes obligations professionnelles antérieures, de me charger de faire pour chaque numéro la maquette de la revue de l’association. Pas seul heureusement. Je me partage le travail avec Elizabeth qui continue par ailleurs à déposer régulièrement ses beaux Sédiments culturels. On a appris sur le tas en tâtonnant, c’est comme un nouveau métier, c’est assez stimulant, je trouve qu’on commence à s’en sortir pas trop mal pour des non professionnels, n’empêche pendant une quinzaine de jours, entre la réunion du comité de rédaction qui arrête le choix des articles retenus et l’envoi de la maquette finalisée à l’imprimeur, on est là dedans jusqu’au cou. Là on en est à la phase de relecture et de correction, ce chantier là devrait être clos à la fin du week-end. Pour enchaîner avec d’autres chantiers pour l’association : plongées d’exploration dans la blogosphère pour la prochaine collecte de sites par la BnF qui doit avoir lieu en février, puis préparation d’un Cahier présentant les textes de cheminots déposés à l’association dont la sortie est prévue en mai, enfin plongée dans le journal-fleuve Dupuy pour une présentation publique en novembre. Et avec entre temps bien sûr de nouveaux numéros de La Faute à Rousseau, heureusement que l’on ne fait que trois numéros par an !
Les après-midi on vaque à diverses activités, on élargit petit à petit le cercle de connaissances que nous avons ici, notamment en nous étant inscrit dans une association d’accueil de nouveaux arrivants, qui semble organiser ici pas mal d’activités, notamment des randonnées. On avance aussi nos travaux d’installation de la maison, on réinstalle peu à peu les cadres sur les murs, ceux qui étaient ici et ceux qu’on a ramené de Paris. Mais moins bricoleurs que nous c’est difficile à trouver! On n’est pas des as de la perceuse, c’est le moins que l’on puisse dire, hier on a fait un joli loupé, la perceuse a dévié, méchants éclats dans notre mur tout neuf, plus qu’à recommencer après avoir mis de la pâte de rebouchage. 
Et on se fait même des soirées télé, ça c’est quand même une grande nouveauté, des soirées dvd plutôt, certains que l’on avait depuis un bon moment et que l’on n’avait jamais eu le temps de regarder (ni vraiment l’envie sur notre ancien écran timbre poste), d’autres tout récents, comme la série Borgen que F. nous a offert pour Noël, je ne pensais pouvoir être adepte de série télé et bien je me suis régalé, c’est vraiment bien fichu, bien joué et sacrément bien rythmé, comme on dit c’est « un excellent divertissement ». Bref les jours coulent et même coulent trop vite.

Avec tout ça je n’avais pas même encore pris le temps d’aller passer une journée à Toulouse depuis notre installation ici. A mon étonnement car dans le choix de venir vivre ici la proximité de cette grande ville que j’aime beaucoup, a été un argument de poids. Mais demain justement, c’est samedi à la ville, c’est première virée dans la métropole…

lundi 14 janvier 2013

Lectures zigzagantes



Mes lectures sont de plus en plus zigzagantes…
Je suis dans trente-six bouquins à la fois, je papillonne et butine ce qui est agréable mais parfois un peu frustrant, lorsque je laisse tomber des lectures, non parce qu’elles me rasent ou me déplaisent mais parce que d’autres couches viennent s’interposer.

J’ai l’impression que plus on avance en âge, plus il y a à lire, car il y a tout le neuf qu’on voudrait découvrir mais aussi l’ancien que l’on voudrait relire. La vue d’un film me donne presque systématiquement l’envie de lire ou relire ou tout du moins d’aller humer le texte dont il est issu.
Ainsi le décevant Karénine m’a fait reprendre le roman de Tolstoï, lu il y a fort longtemps. Je l’ai repris depuis le début, et je crois que je suis parti pour une relecture complète, c’est mon livre de chevet du soir en ce moment, celui avec lequel je glisse dans le sommeil. Hier j’ai revu à la télévision le Bovary de Chabrol (oui, car en plus, je me mets aussi à regarder des films à la télé maintenant que nous avons un appareil confortable avec un grand écran !) et ce matin j’ai repris le livre, non pour le relire entièrement mais au moins pour me pénétrer à nouveau du style de Flaubert, si serré, si percutant, sans une goutte de graisse, quel plaisir !
Je lis aussi livres cadeaux reçus durant les Fêtes, les miens et ceux aussi qu’a reçu D. Plusieurs BD, le Tardi sur l’histoire de son père prisonnier de guerre, il faut prendre du temps, ne pas lire trop à la va-vite pour entrer dans le détail des images, les deux derniers tomes des Carnets d’Orient de Ferrandez sur la guerre d’Algérie, déjà anciens, mais que je n’avais pas encore lus. Et divers autres bouquins qui m’attendent dans ma Pile à Lire, la trilogie de Murakami, le livre goncourisé de Ferrari, le petit récit d’Anne Serre, dont on dit que c’est un bijou et que je garde pour la bonne bouche.
Outre les livres, il y a ma tablette. J’ai peu acheté, quelques textes seulement chez Publienet, mais j’ai téléchargé des titres qui sont en libre accès sur le site de la BnF. Lectures improbables, je découvre des livres passés de mode et que, sans doute, je n’aurais pas lus autrement. Ainsi ai-je lu dans le train qui me ramenait de Paris, où je suis allé brièvement la semaine dernière, Le Lys rouge d’Anatole France. Les personnages, la façon dont ils s’expriment et même ce qu’ils ressentent, les mondes bourgeois et snobs qui sont décrits, le style ampoulé et fleuri très troisième république (ah oui ce n’est pas l’économie de Flaubert), tout parait très vieilli, mais le charme tient justement à ce caractère désuet, et puis, sans avoir évidemment la profondeur psychologique de Proust, tout ça fait écho au monde de La Recherche, ce qui n’est pas surprenant, car après tout nous lisons du Bergotte ! Et la liseuse pour les voyages c’est franchement agréable…
Parallèlement à toutes ces lectures j’attaque aussi les journaux d’Henri-Jacques Dupuy, tenus de 1938 à 1977, retranscrits et déposés à l’APA par sa fille Sylvette. C’est ce qu’on appelle un journal monstre ou un journal fleuve, il y en a 32 volumes, tout ce qu’a pu récupérer Sylvette après la mort de son père, et ce n’est qu’une partie de l’iceberg ! C’est le texte assez tourbillonnant d’un homme, rêveur impénitent, rempli de projets qui le plus souvent n’aboutissent pas, poète, parolier de chansons, animateur de radio, très mêlé à la vie intellectuelle de son temps, grand séducteur et grand amoureux. Forcément je ne lirai pas tout à fond, il y aura du survol, pour le moment je me plais à découvrir le personnage, c’est là une lecture, si j’ose dire, plus professionnelle, il s’agit pour moi de préparer une présentation publique de ce journal que l’APA  proposera cet automne.
Et je n’oublie pas les journaux et magazines, enfin surtout mon inévitable quotidien du soir, lequel est désormais quotidien du jour d’après, la postière le dépose dans la boîte vers midi, c’est ma lecture d’après déjeuner, en sirotant mon café devant le feu, voire au cours d’une bribe de sieste, ben oui, c’est ça aussi la retraite !

Cette fois je suis ici, à priori sans trop bouger, pour les deux mois qui viennent. C’est là, dans ce cœur d’hiver, qu’on va vraiment réaliser ce que c’est la vie de petite ville de province. Car oui c’est l’hiver vraiment ici aussi maintenant. Brouillard et pluie froide presque trois jours de suite, sorties brèves et principalement avec des buts pratiques ces derniers jours, sauf aujourd'hui, temps plus froid, plus sec, presque trois heures de marche d’un bon pas, on est monté au lac à pied depuis la maison, l’air vif décrasse, nettoie, on respire, ça fait du bien…

samedi 5 janvier 2013

Bilan cinéma 2012



Le changement d’année est bien souvent l’occasion de bilans. Voici mon bilan cinéma en attendant un bilan reprise de blog et peut-être, si je trouve les mots convenant à une expression publique sans trop appauvrir ce que j’aurai à dire sur le sujet, un bilan plus global et personnel sur l’état de l’animal !
Donc, en cette année 2012 j’ai vu 71 films au cinéma (voir la liste ici). Plus que les précédentes années (entre 50 et 60) ce qui d’abord m’a étonné, compte tenu de mon départ de Paris. Mais m’est revenu un léger détail : c’était ma première année entièrement dégagée de mes obligations professionnelles ce qui naturellement m’a laissé plus de temps libre.
Je suis assez bon public et le plus souvent j’aime ce que je choisis d’aller voir. Ainsi sur ces 71 films je peux dire qu’il y en a 57 que j’ai trouvé bons, côtés entre « bien avec certaines réserves » et excellent, donc 14 seulement qui, à mes yeux, étaient entre moyen et franchement mauvais.
Pour moi le film le plus fort de l’année est Holy Motors que j’ai trouvé d’une inventivité, d’une poésie presque tout du long magnifique, à l’exception de quelques scènes un peu longues et verbeuses. Et je mettrai ensuite, plus ou moins au même niveau, Tabou, Like someone in love, De rouille et d’os, Elena, Barbara. Moonrise kingdom. Puis un tout petit peu en retrait In another country (bonne surprise car j’ai souvent été déçu par Hang Sang Soo), The Deep blue sea, Après-Mai et Portrait au crépuscule.
Dans les films qui m’ont fortement déçus il y a Les Biens-aimés (décidément je n’accroche pas aux films de Christophe Honoré), Cosmopolis, Augustine, Cherchez Hortense, Anna Karénine. Et il y en a quelques uns que j’ai trouvé franchement mauvais : Bachelorette, La Terre outragée et Elles (comment Binoche, que j’aime pourtant beaucoup, peut-elle jouer si mal, avec tant de lourdeur ?)
Ce genre de revue, toute artificielle qu’elle soit, est aussi une façon de me remémorer quelques aspects de ces films, de faire ressurgir certaines images ou émotions, de voir comment les films s’inscrivent dans le souvenir. Comme à chaque fois la distance temporelle décante, permet de percevoir quels sont les films qui font trace et quels sont ceux, appréciés pourtant sur le moment, dont on se souvient à peine. J’ai modifié à la marge quelques-unes de mes appréciations dans ma page cinéma en fonction de cette décantation.


Aujourd'hui...


... et autrefois (images de Tabou)